Méthode Vol de retour • Entretien avec Lukas Jeker et Daniela Grossar, chercheurs au centre de recherche apicole d’Agroscope en Suisse
Entretien avec Lukas Jeker et Daniela Grossar, chercheurs au centre de recherche apicole d’Agroscope en Suisse. Leurs missions incluent l’évaluation scientifique du risque lié aux pesticides sur les abeilles pour la Suisse ainsi que le développement et la validation internationale de méthodes toxicologiques. A titre d’experts, ils émettent également des opinions sur les questions de toxicologie abeilles pour différentes instances de l’Etat.
Comment s’est passée la réalisation du test de retour à la ruche au sein de votre centre de recherche ?
Notre participation à une telle validation internationale, en tant qu’organisme indépendant, est très importante pour l’Autorité Suisse dans la perspective d’améliorer et d’adapter le processus d’autorisation des produits phytosanitaires, en fonction des connaissances les plus récentes. Le test circulaire a pu être mis en œuvre chez nous avec succès dès le démarrage, en 2016. Et nous avons contribué à l’enrichir en nous intéressant à l’effet du paysage ou celui du mode d’administration du pesticide par petits groupes d’abeilles ou par individu. Ce test étant plus complexe que les tests classiques sur abeilles adultes en laboratoire, le bon entrainement de l’équipe ou l’organisation et l’expérience des opérateurs sur le terrain sont de façon générale les critères essentiels pour réaliser le test avec succès.
Que pensez-vous de l’aboutissement de cette validation ?
Le test circulaire a permis de finaliser la méthode. Sur les 11 laboratoires participants, deux ont malheureusement arrêté en cours de route et un ou deux autres ont eu, et ce jusqu’au terme du test, des difficultés de réalisation. Mais la bonne coordination des laboratoires impliqués est sans doute ce qui a permis de pouvoir soumettre une méthode aujourd’hui validée.
Est-ce que cette validation pourrait changer les choses selon vous ?
Le test de retour à la ruche peut être pertinent pour l’évaluation du risque des effets de faibles doses, principalement sur les capacités d’orientation des abeilles. Des changements dans le schéma actuel d’évaluation du risque seront nécessaires pour faciliter l’intégration de ces effets. Les données des tests au champ seraient nécessaires pour comprendre également dans quelle mesure l’échec de retour à la ruche des individus, exposés à un produit, peut impacter la colonie. Avec l’acceptation par l’OCDE du test comme document guide, les instances d’évaluation nationales ont maintenant la possibilité de le demander dans un cadre réglementaire pour affiner l’évaluation du risque des pesticides.