Fleurir les espaces agricoles : 4 leviers pour améliorer la santé des abeilles et renforcer le potentiel de pollinisation.

Par Itsap-Com, le 3 July 2020

Les fleurs constituent le point de rencontre entre les abeilles (et la biodiversité plus largement), les cultures et les femmes et les hommes qui en bénéficient. Et pourtant, beaucoup de surfaces agricoles manquent cruellement d’espèces fleuries, en abondance et en diversité. La marge de progression est grande.

Les résultats des études scientifiques font consensus dans ce domaine : plus l’agro-écosystème offrira de ressources alimentaires sur une période de temps longue et sans discontinuité spatiale, meilleures se porteront les communautés d’insectes pollinisateurs et les colonies d’abeilles domestiques. Il est aussi reconnu qu’un territoire au maillage d’infrastructures agro-écologiques plus dense et diversifié avec des parcelles d’une superficie comprise entre 2 et 5 ha améliore l’efficacité de la pollinisation et la production des cultures.

L’enjeu est de taille et intéresse les filières végétales et animales, le bien-être et la santé des citoyens. Pour la filière apicole, l’objectif est bien-sûr d’atténuer les pertes et mortalités des colonies en diminuant leur taux de sous-nutrition.

Le couple naturel que forment la fleur et l’abeille devient le maillon essentiel et indispensable à l’apiculteur, au cultivateur et au consommateur. L’abondance et la diversité de plantes et leur capacité à produire du nectar et du pollen est le sujet qui doit rassembler ces acteurs.

Une offre minimum de 4 leviers

Pour cela, intéressons-nous donc ici à quatre leviers connus et exploités mais dont la gestion technique peut encore être affinée pour mieux bénéficier aux insectes pollinisateurs :

  • Les espèces fleuries des espaces herbacés
  • Les haies composites et lisières de bois
  • Les espaces de jachères fleuries
  • Les cultures intermédiaires mellifères

A cela s’ajoute bien entendu, les cultures nectarifères telles que le colza, le tournesol, la luzerne, les fruitiers, la lavande… qui offrent de grandes surfaces fleuries dans les parcelles.

Les bordures, des espaces bonus

Une bordure, composée d’un couvert végétal bas et herbacé, se transformera rapidement en un réservoir de pollinisateurs. Les abeilles apprécient cette diversité d’espèces où l’on retrouve souvent et spontanément le coquelicot, le bleuet, les vesces, le lotier corniculé, les trèfles, la vipérine, les mélilots… Elles constituent le bol alimentaire majoritaire des abeilles dans les zones céréalières, quand l’offre en nectar et pollen apportée par les cultures fleuries est souvent déficitaire.

Les haies et lisières, des éléments essentiels à l’habitat des abeilles

Chez les abeilles, la première fonction des haies et des lisières concerne l’alimentation. Ces ressources fournissent, au printemps et à la fin de l’été, l’énergie nécessaire au bon développement des colonies. Dans une zone de grandes cultures, l’aubépine et les arbres du genre Prunus apportent un quart de l’ensemble du pollen récolté par l’abeille domestique au cours de l’année. Grâce à ces infrastructures semi-naturelles, l’abeille domestique va également récolter la propolis, cet « antiseptique » naturel avec lequel elle colmate les anfractuosités de sa ruche.

Les jachères et bandes enherbées, les fondamentaux

Les jachères et les bandes enherbées représentent des surfaces facilement mobilisables pour améliorer les ressources des abeilles. La bande enherbée devient attractive lorsqu’elle fleurie et riche d’espèces telles que la phacélie, le sarrasin, la moutarde et des légumineuses pluriannuelles comme le sainfoin, le mélilot, le lotier corniculé, le trèfle blanc ou hybride, la luzerne. En mélange complexe la floraison s’étend aisément d’avril à septembre, entraîne un bon développement du couvain et des réserves alimentaires des colonies d’abeilles domestiques, et permet à une plus grande diversité d’abeilles sauvages de trouver les plantes qui leurs correspondent.

Les cultures intermédiaires, un levier pour augmenter les chances de survie des colonies d’abeilles domestiques

En zones de grandes cultures, après la période pauvre en ressources mellifères entre les floraisons du colza et du tournesol, la deuxième période critique concerne la fin d’été et l’automne.
Là encore, rien ne vaut la flore sauvage ! En l’occurrence ici le lierre est la plante cruciale à la constitution des réserves avant l’hiver. Mais il est aussi possible d’enrichir à l’automne le milieu en nectar et en pollen grâce aux cultures intermédiaires.

C’est au cœur de la Beauce, qu’une expérience a montré que des colonies d’abeilles domestiques présentaient une meilleure survie à l’hivernage lorsqu’elles bénéficient de tels couverts à proximité. Le mélange (Jouffray-Drillaud) composé pour l’expérimentation de moutardes blanche et brune, phacélie, tournesol, trèfle d’Alexandrie, vesces pourpre et commune, et d’’avoine a clairement joué en faveur des colonies.

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