Crise sanitaire du Covid-19 : estimation de l’impact du confinement sur le chiffre d’affaires des exploitations apicoles

Les restrictions liées au confinement et à la mise en place des mesures barrières dues au Covid-19, ont un impact sur le fonctionnement des exploitations apicoles, notamment au niveau économique. Concernant la commercialisation, il semble que cette situation joue en particulier sur la baisse des ventes directes, mais aussi dans une moindre mesure sur celles en demi-gros. Aussi, dans cet article, l’ITSAP-Institut de l’abeille a estimé les pertes de chiffre d’affaires dans différents scénarios de baisse des ventes directes, des ventes en demi-gros et des ventes directes et en demi-gros combinées, pendant 15 semaines.
Dans l’hypothèse d’une diminution des ventes de produits apicoles en vente directe et en demi-gros, l’ITSAP s’est servie des données du Réseau d’Exploitations de Référence (RER) pour estimer les répercussions des mesures liées au confinement sur le chiffre d’affaires des exploitations apicoles, au travers de différents scénarios.
Échantillon :
266 données ont été utilisées (une donnée correspond au suivi d’une exploitation durant une année) concernant 87 exploitations suivies entre 1 et 7 ans, sur les années de 2010 à 2017.
Ces exploitations apicoles ont été regroupées en trois profils différents :
Profils | Nombre d’exploitations dans l’échantillon | Années de suivi | Description vente |
---|---|---|---|
Exploitations apicoles orientée ventes en pot | 151 données (53 exploitations) | de 2010 à 2017 | La majorité des exploitations vend environ 40 % en direct et 55 % en demi-gros |
Exploitations apicoles spécialisées en gelée royale | 28 données (10 exploitations) | de 2012 à 2017 | La majorité des exploitations vend environ 75 % en demi-gros et 20 % en direct |
Exploitations apicoles orientées ventes en vrac | 87 données (28 exploitations) | de 2011 à 2017 | La majorité des exploitations vend environ 75 % en vrac et 25 % en demi-gros |
Pour rappel, la vente en demi-gros correspond à une vente de produits conditionnés à un intermédiaire, et pas directement aux consommateurs comme en vente dite « directe ».
Méthode utilisée :
Le chiffre d’affaires (CA) des exploitations apicoles a été lissé sur 53 semaines. Ainsi, dans cette étude nous considérons que les recettes et les pertes sont équivalentes pour chaque semaine.
La diminution des ventes a été calculée :
- Selon un pourcentage hypothétique de baisse de ventes directes et en demi-gros de : 30 % ; 50 % ; 70 % et 100 %.
- Selon le nombre de semaines : ici de 5 à 8 semaines. « 8 semaines » correspond au nombre de semaines de confinement.
Le CA de référence est le CA calculé pour chaque donnée (le CA d’une exploitation durant une année). Ainsi les 4 scénarios de baisse des ventes a été comparé pour chaque donnée, au CA de référence annuel.
La représentation graphique choisie présente le pourcentage du chiffre d’affaires restant en fonction du nombre de semaines de confinement pour chaque profil d’exploitation et pour chaque pourcentage de baisse des ventes (30 %, 50 %, 70 % et 100 %). La variabilité de l’impact sur le pourcentage du CA restant (par rapport au CA annuel de référence) pour l’exploitation a été représentée avec des « boxplots ».
Dans le graphique ci-dessous, nous vous présentons l’impact estimé d’une baisse des ventes en direct et en demi-gros pour les 3 profils d’exploitations, avec des scénarios de diminution des ventes de 30 %, 50 %, 70 % et 100 % et pour une durée de 8 semaines de confinement.
En zoomant sur le scénario intermédiaire de 50 % de diminution des ventes en direct et en demi-gros, en regardant les médianes des boxplots à 8 semaines de confinement :
- Pour les exploitations apicoles orientées vers la vente en pots, la diminution de 50 % des ventes directes et de 50 % en demi-gros induirait une baisse de 7 % du chiffre d’affaires (CA).
- Pour les exploitations apicoles spécialisées en gelée royale la diminution de 50 % des ventes directes et de 50 % en demi-gros induirait une baisse d’un peu plus de 7 % du CA.
- Pour les exploitations apicoles orientées vers la vente en vrac, la diminution de 50 % des ventes directes et de 50 % en demi-gros induirait à 8 semaines des pertes négligeables.
La réduction des ventes liées à la mise en place des mesures barrières en France peut avoir un impact plus ou moins important en fonction du type d’exploitation apicole et de la durée du confinement. En effet, parmi les exploitations suivies dans notre réseau de référence, les simulations révèlent un impact sur le CA plus élevé parmi les exploitations vendant majoritairement en direct et en demi-gros. Ces types de commercialisation en circuit court pourraient être plus impactés que les autres. Par ailleurs, les simulations que nous avons faites ne représentent pas la réalité, mais pourraient corespondre à certaines situations. Une enquête réalisée actuellement par le réseau des ADA devrait confirmer le type d’exploitation ou de commercialisation en difficulté. Cette enquête devrait également révéler d’autres critères affectés par la crise sanitaire, comme l’organisation et la charge de travail.
Pour consulter les autres simulations :
- baisses des ventes directes seules ;
- baisses des ventes en demi-gros seules et
- estimation de l’impact sur le chiffre d’affaires jusqu’à 15 semaines de diminution des ventes voir l’article complet
Pour répondre à l’enquête du réseau des ADA visant à recueillir les difficultés rencontrées par les apiculteurs depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, CLIQUEZ ICI :
Rédaction article : Constance Beri et Cécile Ferrus
Contact : constance.beri(a)itsap.asso.fr et cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr