Charlotte, à l’écoute des reines

Elle a découvert les abeilles lors d’un stage et depuis, elle ne les quitte plus ! Entrée à l’ITSAP en septembre dernier, Charlotte Rüger travaille sur le projet CIReine. Son travail va donner des informations sur le comportement des reines.
Le projet CIReine piloté par l’ITSAP et réalisé en partenariat avec le laboratoire GenPhySe de l’INRA de Toulouse et l’INRA du Magneraud (Surgères) fait appel à la technologie RFID pour mesurer les déplacements d’une reine au sein de la ruche. Afin de capter les mouvements, chaque cadre est équipé de 4 antennes. Le test a eu lieu en conditions semi-contrôlées en 2016 et va être déployé cette année en plein air sur deux sites : Surgères et Avignon.
Le test en plein air débutera mi-avril. Quel a été votre travail en amont sur ce projet depuis septembre ?
Charlotte Rüger : Une reine peut être détectée jusqu’à deux fois par seconde. On peut vite obtenir 3 millions de lignes de données pour 3 mois de suivi ! Donc depuis mon arrivée à l’ITSAP, je travaille sur la mise au point d’une méthode d’organisation et de tri des données pour les rendre exploitables, en créant des jeux de données moins volumineux et plus faciles à travailler. Cette programmation sera utilisée de la même manière à Surgères et Avignon, de façon à obtenir des informations comparables. J’ai également créé le protocole à suivre pour mettre en place cette expérimentation.
Comment va s’organiser le test ?
C.R. Il y aura 12 ruches au total : 6 sur chaque site, dont 3 seront équipées d’antennes et 3 sans antennes. Pour les ruches suivies par RFID, on relie les données des mouvements de la reine à des indicateurs de la colonie en termes de dynamique -nombre de larves, de nymphes, d’abeilles adultes, quantité de réserves de miel et de pollen – et de performances, notamment sur la récolte de miel. Pour cela, nous effectuerons un suivi sur le terrain tout l’été en relevant ces variables régulièrement sur chaque colonie. Le postulat de départ est de vérifier la corrélation entre les mouvements de la reine et la dynamique de la colonie. Imaginons une reine qui bouge beaucoup, elle produira peut-être une ponte éparse, moins favorable au bon développement de la colonie. L’étude CIReine va fournir des réponses là-dessus, d’autant que le test prévoit d’implanter des profils de reines ayant des dynamiques différentes.
Comment vous est venu cet intérêt pour les abeilles ?
C.R. Lors de ma 4e année à l’école d’ingénieur en agriculture et agroalimentaire (ISARA-Lyon), j’ai fait un stage à l’ACTA et cela m’a vraiment donné envie de persévérer dans ce domaine. Après un Master 2 en statistiques appliquées aux sciences agronomiques à Rennes, j’ai travaillé sur différents projets à l’INRA, à l’ADARA et au CETIUM (devenu Terres Inovia), comme par exemple sur l’effet des pesticides sur la survie et le comportement de butinage des abeilles. Pour le projet CIReine, au-delà du traitement des données, je vais participer à la mise en place de l’expérimentation à partir d’avril et cela me passionne !