Étude des cas de Loque Européenne « atypique » : résultats et perspectives

Par Itsap-Com, le 15 December 2020

Après 3 années de recueils d’échantillons de couvain atteint de loque européenne avec un caractère « atypique », l’Anses a sélectionné 22 prélèvements où la maladie présentait un caractère récurrent d’une année à l’autre. Cette étude exploratoire a permis une description fine des signes cliniques et l’identification de certains facteurs susceptibles de favoriser la maladie grâce à un questionnaire associé au protocole.

Dans le cadre de cette étude, l’ITSAP a interrogé les apiculteurs à propos des interventions réalisées sur les colonies symptomatiques de 2018 et sur l’évolution de la maladie dans le cheptel en 2019, afin d’identifier les bonnes pratiques dans la gestion des colonies atteintes. Nous présentons ici les résultats après deux années d’études qui complètent les premiers résultats déjà communiqués au printemps 20191.

Genèse et développement du projet

Le projet ECLEA (Étude des Cas de Loque Européenne Atypique) réalisé dans le cadre de l’UMT PrADE fait suite à de nombreux témoignages d’apiculteurs concernant des cas de loque européenne particulièrement virulents. L’Anses a donc initié cette première étude de la situation en France. L’objectif était de caractériser les cas sur les plans clinique, épidémiologique et microbiologique.

Tous les signalements reçus par l’Anses ont fait l’objet d’une validation de l’intérêt du cas avant un prélèvement et l’envoi d’échantillon. Pour faire suite à ces analyses, une enquête téléphonique a été réalisée en 2019 par l’ITSAP auprès d’apiculteurs ayant participé à l’étude en 2018, afin de connaitre les actions de gestion mises en place, et de comprendre si celles-ci permettaient de juguler la maladie dans leur cheptel.

Après trois ans, le nombre total d’échantillons collectés est de 46 cadres provenant de 37 ruchers. À l’exception d’un cas, les analyses ont confirmé la présence de l’agent étiologique de la loque européenne, la bactérie Melissococcus plutonius, dans tous les prélèvements réalisés.

Des lésions du couvain ouvert et fermé

Les lésions du couvain ouvert sont celles classiquement décrites dans les symptômes de la loque européenne : une consistance molle et gluante des cadavres de larves, généralement de couleur marron. Dans près de la moitié des cas, les larves ont une position anormale dans la cellule.

Bien que la loque européenne soit décrite comme une maladie touchant principalement le couvain ouvert, l’examen du couvain fermé a montré plusieurs lésions qui pourraient être confondantes avec celles de la loque américaine.

L’étude met en évidence l’influence des pratiques sanitaires appliquées pour la gestion des colonies touchées, la taille du cheptel et les moyens disponibles constituant les principaux éléments influençant la rapidité et le type d’intervention. Les enquêtes auprès des apiculteurs ont permis de mieux qualifier l’impact sur les pertes de production sur les dépopulations de colonies. Ces enquêtes n’ont pas identifié de facteurs de risques possibles liés à l’emplacement (humidité, froid, manque de ressources) ou à la race d’abeilles.

Conclusion

Cette étude a permis de pointer quelques aspects particuliers de cette forme de loque européenne qui pourrait tendre à biaiser son diagnostic sur le terrain et la confondre avec des cas de loque américaine (et vice versa). Dans cette étude, tous les prélèvements de couvain positifs pour la loque européenne, et issus de cas récurrents, présentaient des larves atteintes dans le couvain ouvert et fermé. La majorité de ces larves présentaient un caractère filant, ce qui accentue le risque de confusion des deux maladies et montre l’importance d’un diagnostic différentiel en laboratoire porté sur les agents bactériens Melissococcus plutonius et Paenibacillus alvei. Une vigilance particulière doit donc être adoptée lors de l’analyse, et un recours à des techniques de biologie moléculaire (PCR) peut être nécessaire pour confirmer l’identification des spores.

Remerciements

Étude réalisée par le Laboratoire National de Référence sur la Santé des Abeilles – Anses : Laurianne PARIS, Jean-Charles THOMARAT, Cristina GASTALDI, Stéphanie FRANCO et l’Institut Technique et Scientifique de l’Apiculture et de la Pollinisation – ITSAP-Institut de l’abeille : Julien VALLON.

L’équipe tient à remercier chaleureusement l’ensemble de ces protagonistes de l’étude pour leur participation : les apiculteurs ayant mis à disposition les cadres de couvain et les techniciens sanitaires apicoles (TSA) et vétérinaires qui sont intervenus bénévolement ainsi que le réseau des vétérinaires via la Société Nationale des Groupements Techniques Vétérinaires (SNGTV), le réseau national des ADA et ADA France, et le réseau des Groupement de Défense Sanitaire (GDS) via GDS France pour la communication active réalisée pour le projet.

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Références précédentes au projet sur le Blog ITSAP :

http://blog-itsap.fr/etude-loque-europeenne-atypique/

http://blog-itsap.fr/projet-detude-cas-de-loque-europeenne-atypique-eclea/

1http://blog-itsap.fr/etude-cas-de-loque-europeenne-atypique-eclea-premiers-resultats-de-lanalyse-cas-remontes-2018/

Auteurs : Julien Vallon (ITSAP-Institut de l’abeille, UMT PrADE), Laurianne Paris et Stéphanie Franco (Anses, Sophia Antipolis, UMT PrADE)