Coline Kouchner, doctorante, étudie la durabilité des exploitations apicoles

Coline Kouchner, doctorante, mène actuellement une étude sur la durabilité des exploitations apicoles et plus particulièrement sur le rôle des stratégies de renouvellement du cheptel, élément-clef des systèmes apicoles, dans cette durabilité.
Pourquoi avoir choisi ce sujet de thèse ?
Coline Kouchner : Cette thèse a été proposée dans le cadre d’un projet CASDAR, le projet Durapi, le sujet m’intéressait donc j’ai candidaté. L’étude porte sur la durabilité des exploitations apicoles. Deux actions sont menées en parallèle : la construction d’un outil d’évaluation des performances des exploitations, et l’étude des stratégies de renouvellement du cheptel, qui semblent un élément-clef de la durabilité des exploitations. Ma thèse, commencée à l’ITSAP en janvier dernier en partenariat avec l’INRA d’Avignon, s’intègre donc dans le cadre plus large du projet Durapi.
Quels ont été vos premiers axes de travail ?
C.K. Il existe de nombreux travaux sur la durabilité des exploitations agricoles, dont aucun n’est vraiment adapté à l’apiculture : des aspects tels que la gestion des parcelles ou le traitement des lisiers n’ont pas de sens pour une exploitation apicole. Mais il y a tout de même des aspects communs avec d’autres filières, tels que le temps de travail ou la diversification économique. La première étape est donc de construire une méthode d’évaluation de la durabilité avec des critères adaptés aux exploitations apicoles, en travaillant pour cela avec des apiculteurs et autres acteurs de la filière. Parallèlement, une étude est réalisée sur les pratiques de gestion du renouvellement du cheptel et des reines. Chacun a la sienne, il est donc intéressant de comparer les méthodes et leurs impacts.
Quels sont les apiculteurs interrogés ?
C.K. Sur la thématique du renouvellement du cheptel, nous avons mis en place une enquête auprès d’environ 60 apiculteurs professionnels, en partenariat avec plusieurs Associations de Développement Apicoles régionales et le Groupement des Producteurs de Gelée Royale. Cette enquête est réalisée hors saison apicole, nous aurons donc des données exploitables à la fin de l’hiver. Cette première enquête va servir à caractériser les différentes stratégies et pratiques de renouvellement. Cela débouchera l’an prochain sur une 2e enquête qui portera sur les conséquences possibles de ces différentes stratégies pour la durabilité de l’exploitation, notamment sur des aspects sociaux et économiques.
En parallèle, vous menez une expérimentation sur des colonies…
C.K. Oui, nous avons installé 120 colonies à l’ITSAP, pour étudier les différents modes de gestion du renouvellement des reines : la moitié des colonies fonctionne en remérage naturel. Ce sont donc les abeilles qui se chargent de changer leur reine lorsque celle-ci vieillit. Sur l’autre moitié, nous prélevons la reine pour la remplacer chaque année par une reine issue d’élevage. Nous aurons ainsi des éléments de réponse sur les conséquences possibles de ces différentes gestions : est-ce qu’un remérage réalisé par l’apiculteur améliore la dynamique de développement des colonies, le taux de pertes, la production en miel, les niveaux d’infestation en varroa et en virus ?
Avez-vous déjà des indications ?
Non car l’étude a démarré cette année, toutes les reines ont donc encore le même âge. Il faudra 2 à 3 ans pour noter des différences d’évolution et en tirer des conclusions. Pour cela, nous avons prévu d’effectuer 3 relevés par an dans les ruches, 2 au printemps et 1 en automne, sur la quantité de couvain, les réserves de pollen et de miel, etc. De plus, pour chacun des groupes, nous étudions deux races d’abeilles différentes, qui s’adapteront peut-être différemment deux modes de gestion des reines. Cela fait quatre modalités étudiées. La finalité de ces recherches est bien sûr de mettre au point des supports d’échange et de conseil, au service des apiculteurs et des futurs installés en apiculture.